16ème dimanche du temps ordinaire.
Abbé Jean Compazieu | 11 juillet 2010Accueillir le Seigneur
Textes bibliques : Lire
La première lecture nous montre Abraham qui accueille l’étranger de passage. A travers cet hôte, c’est Dieu lui-même qui est là. Abraham s’empresse de le recevoir aussi dignement que possible. En écoutant ce récit, nous pouvons penser à cette parole de l’évangile de saint Matthieu : “J’avais faim et vous m’avez donné à manger… J’étais étranger et vous m’avez accueilli…” Comme Abraham, nous sommes invités à reconnaître et à accueillir le Seigneur quand il passe. Si nous ne le faisons pas, nous manquerons le rendez-vous le plus important de notre vie.
L’évangile nous montre Marthe et Marie qui accueillent Jésus. Marthe veut que la réception soit réussie. C’est sur elle que repose toute la responsabilité du service. De plus, il ne faut pas oublier que Jésus n’est pas seul. Avec lui, il y a tous ses disciples. Cela fait donc beaucoup de monde et beaucoup de travail. Nous comprenons son irritation quand elle voit Marie assise aux pieds du Seigneur pour l’écouter. Pour Jésus c’est l’occasion d’une mise au point : “Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses… Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée.” Saint Luc ne nous dit pas si Marthe a quitté son tablier pour se mettre à l’écoute de la parole de Jésus. Mais nous pouvons penser que lui et ses disciples n’ont pas refusé ce se mettre à table pour apprécier la bonne cuisine de Marthe.
Mais cet évangile contient un message de la plus haute importance qui nous concerne tous. Les bons plats que Marthe a préparés, c’est bien et Jésus y fera honneur. Mais il a surtout faim de sa présence et de son amitié. A travers elle, c’est aussi à chacun de nous qu’il s’adresse. Il nous voit nous activer, courir dans tous les sens. On n’a pas le temps de s’arrêter pour s’écouter les uns les autres. Et bien sûr, on n’a pas le temps de prier, de penser au Seigneur. Nous ne l’entendons même plus nous dire : “Tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses…”
“Marie, assise aux pieds du Seigneur écoutait sa parole”. Elle savoure ce moment de bonheur qui lui est donné d’entendre cette parole du Seigneur. C’est vraiment la meilleure part. Celle-ci nous est proposée à tous, en particulier le dimanche à la messe. Ailleurs, Jésus nous dit que “l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole venant de la bouche de Dieu”. Cette parole, nous ne devons pas la recevoir d’une manière distraite mais comme une nourriture qui nous fait vivre et grandir dans l’amour de Dieu. C’est pour cette raison qu’à la messe, le temps de la Parole est si important. Nous devons vraiment nous nourrir de ces paroles et nous en imprégner car elles sont vraiment celles de la Vie Éternelle.
C’est donc à une véritable conversion que nous sommes tous appelés par le Seigneur lui-même. Nous rêvons tous de faire de belles choses pour lui. Nous pensons même à le mettre à contribution, mais sans lui demander son avis. Nous oublions seulement que nous ne sommes pas à notre compte, que la mission ce n’est pas d’abord notre affaire mais la sienne. Lui-même passait de longues nuits à prier le Père. La prière est un moyen qui nous est donné pour précisément accueillir le Seigneur dans notre vie et nous ajuster à son amour. C’est auprès de lui seul que nous trouvons l’unique nécessaire. Lui-même nous met en garde contre les soucis de la vie qui risquent d’alourdir notre cœur. Oui, bien sûr, quand on est dans la situation de Marthe, on pense aux invités qui vont peut-être arriver, au rôti qui est dans le four et aux multiples tâches du service. Mais la vraie priorité du moment, c’est de nous nourrir de la Parole de Dieu.
Voilà l’essentiel, “la meilleure part”. Le Seigneur nous l’offre à tous. Même au milieu de nos multiples occupations, nous pouvons lever les yeux vers lui. Prenons le temps de le consulter avant de foncer dans nos idées. C’est lui l’unique nécessaire de notre vie. Il veut venir demeurer chez nous. Que notre cœur soit une demeure où il se sente accueilli et écouté avec amour.
En ce dimanche, nous nous tournons vers toi, Seigneur. Comme Abraham, comme Marthe et Marie, nous voulons t’accueillir de notre mieux dans notre maison et notre cœur. Ta présence envahit notre demeure. Nous sommes à ton service et à ton écoute. Donne-nous de vivre cette célébration comme un vrai cœur à cœur avec toi. Rends-nous attentifs comme Marie et serviables comme Marthe pour que beaucoup, autour de nous, se réjouissent de ta visite. AMEN
D’après diverses sources
L’homme est cependant conduit à la recherche, à éclairer les mystères. Ainsi en est-il d’ailleurs dans les domaines de la religion, en Dieu dont l’infinitude est océan de mystères, où l’homme, là aussi, est invité à s’éclairer, principalement à la suite de Jésus Christ, Dieu parmi les hommes. Les textes de la liturgie de ce jour en sont un enseignement.
Il est bien mystérieux ce texte de la Genèse (1ère lecture) avec l’apparition du Seigneur à Abraham , père des croyants au Dieu unique. Il voit 3 hommes « debout près de lui » tout en employant le nom unique de Seigneur à leur sujet. « A l’heure la plus chaude de la journée » il a le souci de leur apporter de l’eau (très bon en cas de canicule), et de leur donner du pain, utile pour redonner des forces en chemin. Il prévient sa femme Sara pour préparer un repas plus conséquent. Chacun sait la valeur d’un repas pour souder une amitié. « Ils lui demandèrent » (un pluriel) : « Où est Sara ta femme ? ». « Le voyageur reprit : je reviendrai (un singulier) chez toi dans un an » … « ta femme aura un fils ».
Ce texte de la Genèse, mystérieux dans le récit, s’éclaire avec Jésus Christ. Ne prédit-il pas déjà la révélation d’un Dieu unique, Dieu-Amour en 3 personnes ? La valeur de l’eau, du pain, du repas n’est-elle pas également éclairage vis à vis de l’Eucharistie ?
Le Psaume ensuite, mystère d’une conduite humaine : « Seigneur qui séjournera sous ta tente ? » (en ta demeure) : « celui qui se conduit parfaitement, agit avec justice, ne fait pas de tort à son frère, prête son argent sans intérêt » (dans un monde où l’argent semble la valeur essentielle) ; « n’accepte rien qui nuise à l’innocent (pas de pots de vin !). « Demeure inébranlable » celle de l’homme qui agit ainsi, mais qui s’éclaire avec la puissance de l’amour dont l’Esprit du Seigneur est la source pour le cœur.
Nouveau mystère avec St Paul (2ème lecture). Il trouve « sa joie dans les souffrances supportées » pour les Colossiens, mais en s’associant aux « épreuves du Christ », « pour son corps qui est l’Eglise ». Ministre de l’Eglise il a charge de transmettre « la gloire sans prix de ce mystère : le Christ est au milieu de vous, lui, l’espérance de la gloire », « pour amener tout homme à sa perfection dans le Christ ». Cette perfection ? Jésus saura en exiger la nécessité pour un parfait bonheur humain : aimer à son image ! Il a donné sa vie pour le salut du monde.
Et c’est encore un mystère dans notre compréhension de l’Evangile (Luc 10, 38-42). Jésus est en visite avec ses disciples chez des amis, dont Marthe et sa sœur Marie. Celle-ci « se tenait aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole ». Marthe, pour bien recevoir Jésus était « accaparée par les occupations du service ». Elle sollicite l’aide de Marie. Jésus lui dit : « tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire ». C’est le choix de Marie. Mystère d’une conduite humaine qui s’éclaire, en sachant que Jésus est Fils de Dieu et que sa parole est d’une extrême importance. Son écoute est primordiale pour le devenir de chacun et de l’humanité.
Dans l’Eglise bien d’autres mystères, en particulier avec le don des Sacrements, demandent également un éclairage de l’Evangile et de l’Eglise. Tout chrétien est invité à s’en instruire.
Aux Noces de Cana Marie dira aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Un mystère qui dépasse le simple service d’un vin miraculeux en un repas de noces, mais s’applique à toute la Parole du Seigneur, l’Evangile. Sachons l’écouter ! Le Chapelet n’a-t-il pas ses mystères ? A découvrir !
Tant à ses 12 apôtres qu’aux 72 disciples qu’il a envoyés devant lui, Jésus a prescrit de s’en aller, à son exemple, sans rien prendre, « ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent « (9, 2), « pas de bourse, pas de sac, pas de sandales »(10, 4). La venue du Royaume de Dieu est annoncée par des hommes démunis : ce ne sont ni des fainéants, ni des gens qui dédaignent le travail et condamnent l’argent et d’autre part ils n’appellent pas à sortir du monde pour s’enfuir dans la solitude et le dénuement. Pauvres, ils apportent le plus grand trésor qui soit : permettre à toute personne de vivre en enfant de Dieu. Mais cette révélation, qui doit s’effectuer au sein même des engagements familiaux et professionnels, commence par l’ouverture aux missionnaires indigents. Ouvrir sa porte à Jésus et à ses envoyés manifeste que l’on est prêt à ouvrir son cœur, à modifier son comportement, à briser son enfermement, à commencer une nouvelle vie de partage. Comment dire que l’on a la foi, que l’on a confiance alors que l’on s’enferme dans ses petites ou grandes affaires et que l’on s’isole ?….
Alors qu’il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village.
Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison.
C’est par un geste d’hospitalité que le premier patriarche Abraham a enfin vu se réaliser la promesse d’une descendance (Genèse 18 : 1ère lecture de ce dimanche), c’est par cette même pratique que Jésus entreprend de convertir le monde. En compagnie de son groupe, il entre chez tous ceux qui l’invitent: chez un publicain comme Matthieu (5, 29) ou Zachée (19,6), tout autant que chez un pharisien comme Simon (7, 36), chez des parents éplorés (8, 51) ou chez des amies comme le raconte la scène de ce jour.
L’Eglise de demain verra l’évêque (successeur des apôtres) redevenir un itinérant et s’en aller sans crosse ni mitre non pour pontifier mais pour annoncer la Bonne Nouvelle et se faire inviter ici et là dans la simplicité et la joie. « Ouvrez-moi la porte pour l’amour de Dieu ».
DEUX SŒURS : DEUX ATTITUDES
Marthe avait une sœur nommée Marie qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Tiens ! on parlait de « la maison de Marthe », et tout à coup apparaît sa sœur, la cadette sans doute. Son aînée, « la » responsable de la maison, devant l’arrivée inopinée de la troupe, s’est précipitée pour préparer un banquet digne du Seigneur et de ses amis. Quelles sont nos provisions ? Que manque-t-il ? Que faut-il vite aller acheter ? Qu’allons-nous leur servir ? Préparons vite un repas succulent……
Et voilà que la jeunette, indifférente à toute cette agitation, vient s’asseoir paisiblement aux pieds du Maître. Cette posture n’est pas anodine car elle désigne celle du disciple qui se rend disponible pour écouter l’enseignement (Marc 3, 34). Une femme « disciple de Jésus » ! Il n’y a donc pas que les hommes qui héritent de ce privilège. Luc n’avait-il pas déjà signalé que Jésus, en route, était suivi non seulement par ses apôtres mais également par un groupe de femmes (8, 2) : usage complètement original, sans équivalent chez tous les maîtres de l’époque.
Ainsi, tandis que Marthe est en effervescence pour bien nourrir ses invités, Marie, elle, se laisse nourrir par la Parole de Jésus. Pour elle, l’hospitalité n’est pas seulement ouvrir sa maison et s’agiter beaucoup pour les hôtes : c’est ouvrir son cœur et se laisser faire par la Parole. Non s’enorgueillir de ce que l’on donne, mais faire à l’autre la grâce de l’écoute. Je ne me vante pas de ce que je t’offre : je m’enrichis de ce que tu me dis.
Déjà, un jour, à Nazareth, une autre Marie avait offert son ouïe avant de dire son OUI au messager de Dieu. Première disciple, elle avait écouté, questionné, donné son acquiescement, son obéissance en disant : « Que ta Parole s’accomplisse » (1, 38).
Marthe était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint : « Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma sœur me laisse seule à faire le service ! Dis-lui donc de m’aider ! ». Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée ».
Les maîtresses de maison qui -au prix de quelles fatigues !- se dévouent pour bien recevoir et nourrir leur famille et les invités, sont blessées par ce texte qui semblent dévaloriser leurs peines. Cependant il est évident que Jésus n’a nul dédain pour le service des cuisinières ; lui qui vivait dans la précarité, qui subissait parfois le refus des gens et ne mangeait pas toujours à sa faim, il devait se réjouir d’être royalement accueilli par des ami(e)s et apprécier un bon repas. D’ailleurs certains l’appelaient « glouton » (7, 34). Mais il ne faut pas renverser l’ordre des choses : s’il est nécessaire de se nourrir, si la joie d’un banquet avec des amis est agréable, si le dévouement de la cuisinière est louable, il reste que l’essentiel est de partager la nourriture qui donne la vraie Vie car « l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole de Dieu » (Deut 8, 3). Dès le début, Jésus avait immédiatement chassé la tentation qui essayait de l’enfermer dans la consommation des biens de la terre (Luc 4, 4).
Jésus veut expliquer à Marthe qu’il n’est pas nécessaire de se surcharger d’une montagne de préoccupations. Marie, elle, a compris qu’une visite de Jésus était une grâce si précieuse qu’on ne pouvait perdre aucune minute. Bien le recevoir sans lésiner, oui, mais surtout ECOUTER, laisser tomber dans le fond de son cœur ces grains qui sont « paroles de Dieu » et qui peu à peu vont croître et permettre à l’être humain de s’accomplir en moisson (8, 4)
Mais attention aux pièges !: « les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie » se liguent pour empêcher cette maturation et ils étouffent la croissance de la Bonne Nouvelle ( 8, 14). Ne voit-on pas aujourd’hui que ces forces sataniques déploient un pouvoir colossal pour éroder, détruire et éteindre la foi ? Des masses de « bons chrétiens » se sont laissés prendre au piège : pour être entrés dans le jeu de la société, s’être encombrés d’inquiétudes superflues, avoir couru aux richesses et aux plaisirs, ils sont devenus comme allergiques à la foi. La mise en garde de Jésus sera précise : « Ne vous inquiétez pas…La vie est plus que la nourriture….Ne cherchez pas ce que vous mangerez ni ce que vous boirez, ne vous tourmentez pas. Tout cela les païens le recherchent sans répit…Cherchez d’abord le Royaume du Père et cela vous sera donné par surcroît… » (12, 22-32)
LE SAMARITAIN ( Marthe) ET LE BLESSE (Marie)
La tradition a vu dans cette petite scène évangélique l’esquisse des deux vies chrétiennes possibles : Marthe représentant les chrétiens actifs, les religieuses apostoliques et Marie, les contemplatifs, les moines adonnés à la prière dans la solitude. Interprétation forcée. Luc ne parle pas de deux modes d’existence, de deux structures de vie chrétienne. Il enseigne :
Que l’hospitalité est importante
Qu’il faut très bien recevoir ses hôtes et leur faire honneur
Mais qu’il ne faut pas se laisser submerger par les soucis
Que lorsque Jésus passe dans la vie, il faut tout laisser pour se mettre à son écoute
On comprend comment cette scène des deux soeurs est parallèle à la précédente, la parabole du Samaritain racontée la semaine passée. Marthe est, comme le légiste, préoccupée par l’action : « QUE DOIS-JE FAIRE ? ». Marie assise est, comme le blessé couché, une faible qui demande ce que l’on peut FAIRE POUR ELLE. Elle se laisse faire, elle cherche à comprendre la volonté du Seigneur afin de la pratiquer. Ce qui la passionne, c’est que LE SEIGNEUR lui apprenne COMMENT VIVRE. Il est pour elle son « bon Samaritain ».
Là EST LA MEILLEURE PART : JAMAIS ENLEVEE – jamais il n’y aura interversion des deux attitudes, toujours l’écoute sera première.
Le danger de l’Eglise n’est pas l’inaction mais de faire ce qui ne lui est pas demandé et de ne pas faire ce que son Seigneur exige d’elle. « Elle fait » : des cérémonies, des pèlerinages, des chapelles, des réunions, des livres, des revues, …Mais est-ce bien ce que son Seigneur veut d’elle AUJOURD’HUI ET MAINTENANT ?…..
L’Eglise de demain naîtra de l’écoute sincère, appliquée, méditative, priante : Seigneur, parle : ton serviteur écoute. Qu’est-ce que l’Evangile nous presse de vivre actuellement ? Que nous enseigne-t-il pour répondre aux défis du monde ? Osons-nous nous laisser remettre en question par la Parole qui dérange ? Consacrons-nous assez de temps à la prière ? Cherchons-nous à lire ensemble l’Evangile, à y déceler les nouvelles pistes où nous engager ?
Seigneur, je t’invite dans la maison de ma vie : je fais tout pour bien t’accueillir.
Mais surtout je veux vivre dans la DEMEURE DE TA PAROLE.
Cette petite homélie hebdomadaire n’est pas une édition routinière, un discours pieux, une étude savante, une page lue puis oubliée : elle essaie de transmettre les Paroles du Seigneur.
Seigneur, que je m’assoie, que je demeure en paix pendant le temps qu’il faudra, que je médite, rumine tes enseignements. Que je les apprenne, que je me les répète, que je comprenne ce qu’ils m’indiquent, que je les réalise.
TA PAROLE, SEIGNEUR, EST VERITE
ET TA LOI DELIVRANCE
Raphaël D
Jésus veut le meilleur pour nous et sa présence est le plus grand des dons. Alors il faut que je prenne le temps de me laisser aimer par le Seigneur dans la prière assidue et gratuite. JE NE DOIS JAMAIS COMMENCER UNE JOURNEE SANS ECOUTER SA PAROLE.
J’avoue que je pense toujours que L’ACTION EST PRIMORDIALE. Tous mes sens sont en éveil pour travailler. Il faut prendre un quart d’heure par jour pour revoir ma vie c’est essentiel afin de pouvoir discerner mes faiblesses et ce qu’il faut changer. IL FAUT QUE J’ECOUTE DIEU ET LUI PARLE PAR UN ELAN DU COEUR.
Mais je comprends aussi Marthe : j’ai l’impression que c’est la soeur ainée et la maîtresse de maison. ET ELLE AUSSI VOUDRAIT ECOUTER !
En tout cas, je constate personnellement que la part de la prière ne peut se remplacer ; elle est nécessaire et irremplaçable. Et cette part est fragile et menacée par l’activité et les urgences de toutes sortes.
Ma seule prière pour l’instant est que le Seigneur me garde fidèle à nos rendez-vous quotidiens qui ont tant de prix.
Christiane
Les deux sœurs amies de Jésus, Marthe et Marie ont souvent été prises, la première comme l’image de l’action, et la seconde comme exemple de la contemplation, vue comme le seul nécessaire. Cette une interprétation, qui oppose contemplation et action, ou prière et travail, est bien trop simpliste.
Si Marthe s’active au service de sa maison c’est bien pour accueillir Jésus le mieux possible et lui manifester ainsi son amitié. Peut-on imaginer Jésus dévaloriser Marthe et l’humilier devant sa sœur ? Déjà le passage de la Genèse que nous avons entendu en première lecture nous montre avec avec quelle qualité d’accueil et d’écoute Abraham et Sara reçoivent les trois mystérieux voyageur au chêne de Mambré. L’histoire marie harmonieusement le service concret de l’hospitalité et l’écoute de la Parole de Dieu ! Abraham y recevra même la promesse de la naissance proche d’un fils, et donc d’une descendance : le peuple de l’alliance dont nous sommes les héritiers.
C’est donc dans cette unité de l’action et de la prière qu’il nous faut chercher la clé de l’évangile. Marthe, lui dit Jésus, s’inquiète et s’agite « pour beaucoup de choses ». Lesquelles ? Sans doute les plats à préparer, puisqu’il s’agit visiblement d’un repas. En opposition à ce « beaucoup de choses » auxquelles Marthe s’affaire, Jésus parle « d’une seule chose », pour dire qu’elle est la meilleure part. C’est celle qu’a choisie Marie. Quelle est-elle ? C’est la parole de Jésus, que Marie, assise et silencieuse, accueille au profond de son cœur.
Marthe imagine – et c’est pourquoi Jésus la reprend – que l’essentiel est ce qui va d’elle vers Jésus : elle n’a pas compris que ce qui va de Jésus à elle est le plus important. Elle oublie qu’elle ne peut donner que ce qu’elle reçoit. Et ,se prenant pour l’origone, elle a peur de ne pas en faire assez, de ne pas être à la hauteur, et c’est pourquoi elle est inquiète…. mais peut-on faire assez pour Dieu ? Heureusement, ce que nous faisons pour Dieu, c’est ce qu’il nous donne, ce qu’il nous donne de faire.
Il est dit que Marthe « reçoit » Jésus, mais c’est un accueil qui veut donner. L’accueil de Marie est un accueil qui veut recevoir. A vrai dire c’est Marie qui reçoit Jésus. Le signe qu’elle le reçoit, c’est qu’elle ne parle pas : elle écoute, toute occupée à se nourrir des paroles qui font exister. Bien entendu, Jésus ne reproche pas à Marthe l’activité qu’elle déploie : il aura souvent l’occasion de dire que l’écoute de la parole est inséparable du service concret des frères. Et rappelons que la première lettre de saint Jean dit que celui qui dit qu’il aime Dieu et qui n’aime pas ses frères est un menteur.
Il nous faut donc réconcilier en nous Marthe et Marie.
C’est dans la mesure où nous consacrons du temps à la prière, que l’Esprit Saint peut nous remplir du don de sa présence. Et alors notre activité donnera à nos frères cet Esprit de l’amour du Père et du Fils. Que ceux que nous rencontrons, aimé par le Père comme un fils sera aimé par nous comme un frère. Mère Térésa faisait toujours commencer la journée de ses « missionnaires de la charité » par un long moment de prière. Et elle demandait à des personnes qui ne peuvent plus que prier –des grandes malades ou des handicapées -, de porter chacune de ses sœurs.
Nous pouvons tous arriver, c’est une grâce à demander et à accueillir, à entrer dans le mouvement de la prière continuelle qui nous garde dans une paix profonde au cœur même de notre action.
Que Marthe et Marie nous y aident !
Les homélies sur kerit.be
Merci pour tous ces partages qui donnent divers éclairages sur ce texte tant contre versé. le derniers partage me parait plus à en accord avec la mission de Jésus qui ne condamne pas mais qui nous reprend pour nous amener à lui : l’écoute en harmonie avec le servicel